Parmi toutes les personnes qui ont pris la parole hier, lors de la cérémonie de prestation de serment de 36 nouveaux experts devant la Cour d’appel de Dakar et devant l’Ordre national des experts du Sénégal, (ONES), le discours a été le même. Le président de ladite Cour, le Parquet général, le secrétaire général de l’Ordre ainsi que le secrétaire général du Barreau ont à l’unanimité appelé ces impétrants à respecter la loi et de faire respecter cette loi aussi. Outre cette recommandation, ils les ont appelés à avoir le droit de réserve même s’il n’est pas dit dans leur serment. 
  
L’Ordre national des experts du Sénégal (ONES) s’agrandit. 36 nouveaux experts ont prêté serment hier, devant la Cour d’appel de Dakar. Prenant la parole, l’Avocat général Ibrahima Bakhoum a d’emblée souligné que si l’expert, dans le cadre de sa profession, n’agit pas avec lumière, il conduira le magistrat dans l’obscurantisme. D’après toujours le Procureur général, dans le cadre de sa mission, l’expert doit s’adosser à la loi qui est le gage de sa protection. «Respecter la loi, quels que soient les moments. Au-delà du respect de la loi, on vous demande de faire respecter la loi. C’est une dimension républicaine, citoyenne qui place l’expert comme étant un serviteur de la loi», a-t-il conseillé aux impétrants.
 
Me Ibrahima Ndiéguène, bâtonnier : «Personne n’est à l’abri de cette presse qui vous pousse à lâcher des informations, mais…»
 
Pour sa part, le secrétaire général de l’Ordre des avocats, Me Ibrahima Ndiéguène, a lui aussi donné les mêmes conseils à ces nouveaux experts. Rappelant que le serment est un engagement solennel qui se fait devant un juge, le bâtonnier a abondé dans le même sens. «L’expert ne dit pas le droit à la place du juge, mais il accompagne le juge à dire le vrai droit. Il vous appartiendra d’informer l’autorité publique en cas de manquement, c’est-à-dire en cas d’infraction. Je vous invite à vous rappeler de ce serment et de cet engagement», a insisté Me Ndiéguène. Avant de les inviter à avoir le devoir de réserve et de ne se laisser manipuler par aucun pouvoir. «Il faut avoir l’obligation de réserve, le secret professionnel. Celle-ci repose sur toutes les personnes qui prêtent serment et à qui la loi confère le pouvoir d’entrer dans l’activité privée ou publique de l’individu. Ce que vous découvrirez, vous n’avez pas à le partager avec le public. Je fais confiance à votre compétence et sagesse. Personne n’est à l’abri des réseaux sociaux, de cette presse qui vous pousse à lâcher des informations qui pourront porter atteinte à la dignité de la personne. Mais, nous devons refuser cela», avertit la robe noire.
  
«L’expert ne doit pas être soumis à des pouvoirs qui lui dictent ce qu’il doit faire»
 
 Rebondissant sur ce serment, le président de la Cour d’appel leur a indiqué que l’expert participe à une justice mieux éclairée et favorise une meilleure distribution de celle-ci. Par ailleurs, le magistrat leur a signifié qu’ils sont aussi tenus à une déontologie. Révélant ainsi que l’expert doit en effet être indépendant, comme le juge, il leur rappelle leurs obligations pour l’exercice de leur fonction. «L’indépendance est une nécessité impérieuse pour conserver la confiance des parties et des juges. L’expert ne doit pas être soumis à des pouvoirs qui lui dictent ce qu’il doit faire. Placé au cœur même de la décision de justice, il est tenu par le principe d’impartialité, de neutralité. Il ne doit pas faire de faveurs et il doit se garder de livrer sa conviction. Il ne doit pas trancher le droit à la place du juge. Il est également tenu au respect des droits de la défense, en particulier du principe du contradictoire. Enfin et même si on n’a pas visé le secret professionnel dans le serment, comme le juge, l’expert peut être récusé», a lancé le magistrat.
  
La devise de l’Ordre : le savoir-faire, l’éthique et l’indépendance
  
De son côté, Saliou Dièye, le président de l’Ordre national des experts du Sénégal, a manifesté son enthousiasme à propos de ces nouveaux experts qui sont venus les rejoindre. «C’est toujours un plaisir de grossir les rangs de l’Ordre national des experts du Sénégal. On n’est pas trop nombreux puisque aujourd’hui on est à peu près 179. Donc, c’est toujours un plaisir de pouvoir accueillir des personnes qui viennent grossir nos rangs, puisque dans les différentes sections qui composent l’ordre, on n’est que 9», précise-t-il. Saliou Dièye leur a rappelé que l’expert doit avoir un savoir-faire et une éthique. En cela, précise-t-il, il doit être indépendant et respecter les lois plutôt que de donner des positions qui favoriseraient une partie ou une autre. Ainsi, d’après lui, le savoir-faire, l’éthique et l’indépendance sont la devise de l’Ordre. Il a aussi invité les nouveaux experts à avoir en bandoulière le devoir de réserve. «Le serment est une promesse. Et une promesse est une dette. Et même si vous n’êtes plus au niveau de l’Ordre, vous avez l’obligation d’observer la réserve. Donc, tous les dossiers dans lesquels vous avez eu à travailler, vous devez les garder par-devers vous-mêmes. On ne nous demande pas de rendre la justice, on nous demande de dire le droit. Et il appartiendra maintenant aux juges de rendre la justice».

Source : https://www.jotaay.net/LE-PROCUREUR-GENERAL-IBRAHIMA-BAKHOUM-AUX-NOUVEAUX-EXPERTS-Au-dela-du-respect-de-la-loi-on-vous-demande-de-faire_a25391.html